Les stratégies numériques nationales pouvant avoir un impact sur la e-santé visuelle (atelier) Mon Espace Santé : quels usages, quels services ?
- Camille DECROIX
- il y a 3 jours
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Jean-Marc Chevilley, Directeur de projets Délégation au Numérique en Santé (DNS) - Ministère de la Santé et de la Prévention est intervenu à deux reprises lors de la première Journée nationale de Téléophtalmologie, pour présenter les stratégies du numérique en santé portées par la Délégation au Numérique en Santé, dont le déploiement de Mon Espace Santé. Deux interventions qui ont positionné ces innovations dans le contexte de la santé visuelle, au service des patients et des professionnels de santé.
La Stratégie du Numérique en Santé, une voie de modernisation du système de santé
Le développement de Mon Espace Santé s’inscrit dans la Feuille de route du Numérique en Santé, qui vise à moderniser le système de santé en France. Élaborée pour la période 2019-2022, cette stratégie nationale repose sur quatre axes principaux, comprenant 18 priorités et 65 objectifs, avec l’ambition de rendre les systèmes de santé plus connectés, efficaces et accessibles à tous.
Jean-Marc Chevilley a rappelé que l’un des objectifs principaux de cette stratégie est de faciliter l’échange sécurisé de données entre professionnels de santé et patients. L’État s’est engagé à massifier ces outils, en passant d’un modèle où le patient devait demander un dossier médical à un modèle où chaque citoyen en possède un par défaut. "Nous avons tous un dossier aux impôts, mais en démocratie, on peut s’opposer à avoir un dossier médical", a-t-il expliqué pour illustrer ce changement de paradigme.
Mon Espace Santé : un outil au coeur de l’Innovation
Mon Espace Santé, décrit comme le "carnet de santé numérique du citoyen", est rapidement devenu une pierre angulaire dans cette stratégie. Le service, lancé il y a seulement deux ans, concerne déjà une grande partie de la population : 98% des Français disposent aujourd’hui d’un espace. Ce taux de participation témoigne de l’intérêt croissant pour cet outil, qui simplifie le suivi médical à travers un accès sécurisé aux documents, un agenda médical, une messagerie sécurisée et un catalogue d’applications.
Jean-Marc Chevilley a salué les avancées rapides du projet, mentionnant que plus de 300 millions de documents de santé ont déjà été intégrés dans la plateforme, avec l’objectif d’atteindre les 500 millions à court terme. "Nous sommes à un niveau de massification qui est vertueux. Aujourd’hui, les demandes affluent et la courbe montre une nette accélération", a-t-il affirmé.
Une réponse aux besoins spécifiques en santé visuelle ?
Dans le domaine de la santé visuelle, Mon Espace Santé peut être un levier puissant pour améliorer la coordination et le suivi des patients. Les usages possibles en santé visuelle sont bien entendu multiples, entre les professionnels de santé et avec les patients : par exemple pour faciliter et fluidifier les échanges en dématérialisant les documents, tout particulièrement en téléophtalmologie, pour permettre au patient de disposer de l’ensemble de ses documents à tout moment et en tout lieu, pour faciliter le retrait des lunettes avec l’ordonnance électronique,...
Jean-Marc Chevilley a mis en avant quelques exemples concrets, notamment pour les usages de téléophtalmologie, où l’échange d’informations à distance est crucial. "Lorsqu’un professionnel de santé se trouve à Mayotte, par exemple, et que l’effecteur est à distance, Mon Espace Santé va faciliter la transmission des documents et des informations médicales", a-t-il expliqué.
En ophtalmologie, les praticiens pourraient y retrouver des actes de téléophtalmologie ou des données telles que les réfractométries réalisées par les opticiens. Cela permettrait aux ophtalmologistes de disposer de toutes les informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées, notamment lorsqu’un patient se présente avec des lunettes cassées ou pour une chirurgie de la cataracte. Jean-Marc Chevilley a suggéré par exemple l’intérêt d’avoir accès par ce biais à l’historique des implants oculaires et aux données de chirurgies réfractives pour éviter des erreurs dans le suivi post-opératoire.
"Avoir ce type d’informations dans le dossier médical partagé permet d’éviter des erreurs coûteuses, surtout pour les patients âgés ou ceux ayant subi des chirurgies complexes", a-t-il ajouté, soulignant que cet accès rapide et sécurisé aux informations améliore considérablement la qualité des soins. Mon Espace Santé peut s’avérer précieux par exemple pour les chirurgiens de la cataracte, qui ont besoin d’accéder à des informations très précises sur les implants ou les résultats d’examens antérieurs. Jean-Marc Chevilley a souligné que la plateforme permettrait par exemple aux patients de stocker des informations telles que leurs cartes d’implants, souvent oubliées lors des consultations. "En chirurgie réfractive, il est essentiel de connaître les données sur les implants oculaires ou les interventions antérieures. Mon Espace Santé permet aux patients de conserver ces informations critiques en toute sécurité, et de les rendre accessibles à tout moment", a-t-il précisé.
En matière de téléophtalmologie, Mon Espace Santé permet également aux opticiens, ophtalmologistes et orthoptistes de partager des documents et des résultats à distance avec une sécurité accrue. "Lorsqu’un professionnel de santé travaille à distance, l’utilisation de Mon Espace Santé peut faciliter la coordination entre les différents acteurs", a affirmé Chevilley. En effet, l’accès à ces informations devrait rendre caduque l’utilisation de canaux non sécurisés comme WhatsApp et permettre de garantir à la fois la souveraineté et la sécurité des données médicales. Jean-Marc Chevilley a encouragé les professionnels à tirer parti de ces fonctionnalités : "Vous pouvez y retrouver les actes de téléophtalmologie, et c’est un gain de temps considérable pour le suivi des patients."
Simplifier l’accès à ces outils
Jean-Marc Chevilley a reconnu que bien que les avantages de Mon Espace Santé soient évidents, certains professionnels peuvent encore trouver la multiplicité des outils numériques intimidante. Pour répondre à ce défi, il a expliqué que des efforts sont en cours pour rendre les solutions plus interopérables et faciles d’accès, notamment par la mise en place d’un catalogue d’applications spécialisées accessible aux professionnels de santé. "Il est essentiel de simplifier l’accès à ces outils pour que les professionnels puissent choisir les applications qui leur conviennent le mieux, sans être submergés par la diversité des solutions disponibles", a-t-il conclu.





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